jeudi 26 novembre 2009

Hommage à Jacques Poinsier

Jacques POINSIER - Portrait du peintre Peqa à Changis sur Marne
Huile sur toile marouflée sur panneau
Dédicacée "A mes amis Kayser..." - 1979


Jacques POINSIER, Restaurateur des Musées de France et des Palais Nationaux, s'est éteint le 8 Novembre dernier.

Cette nouvelle m'a profondément attristé car j'avais une grande admiration à la fois pour le peintre, sensible et savant, et pour l'homme riche d'une immense culture technique, esthétique et muséographique sur le monde de la peinture, ancienne et moderne.

Jacques POINSIER ne savait pas voir, faire ou parler de peinture autrement qu'en laissant déborder un enthousiasme vif et frais, une curiosité toujours renouvelée à la recherche de nouveaux savoirs... et un amour infini pour la Peinture, de la plus illustre à la plus modeste. Son oeil sur la Peinture était toujours affectueux!


C'est en 1978 que je fis sa connaissance par un hasard curieux et heureux. Je préparais alors une exposition de peinture à la Ferté sous Jouarre sur le thème "De Corot à Planson", exposition dont l'ambition était d'illustrer la richesse - sur cette longue période - des peintres de la Marne. Jacques POINSIER m'apporta très spontanément son concours, d'abord en me guidant dans mes recherches, ensuite en apportant des toiles de sa collection personnelle, enfin en mettant la main à la pâte, sur place, pendant une quinzaine de jours. Ce fut une aventure extraordinaire à vivre entre la recherche d'oeuvres chez les particuliers, leur nettoyage (avec souvent quelques brins de restauration), leur mise en perspective esthétique pour l'exposition, puis enfin lors de l'accrochage lui-même traité à la façon des expositions du 19ième siècle. Environ 150 toiles furent accrochées, avec quelques belles découvertes, mais surtout avec le retour à la vie de toiles oubliées depuis longtemps par leurs propriétaires... je parle ici de toiles de Meslé, d'Alexandre Boucher, de Massé...

[Beaucoup d'oeuvres de Meslé furent prêtées par André Planson qui fut, dans sa jeunesse, élève de Meslé et dont il resta toujours très proche en art et en amitié.]

Ce lourd travail de préparation pratique, après une année consacrée aux recherches, était réalisé dans une pièce de la maison réservée à cet effet et je vois encore Jacques POINSIER nettoyer avec amour les toiles rassemblées, les commenter, les replacer dans leur filiation esthétique en illustrant toujours son propos de mille références picturales et littéraires, notamment sur le grand mouvement des "Paysagistes aux Champs" qui précéda de peu l'arrivée de l'impressionisme en France. Ce travail était entrecoupé de promenades de peintres en bords de Marne et dans les environs pour retrouver quelques sites aperçus sur les toiles mais aussi pour brosser quelques pochades rapides.

Ces moments furent si riches et si chaleureux que nous décidâmes, avec l'aide d'André Planson, de faire une seconde exposition l'année suivante avec un centrage plus contemporain: "André Planson et ses amis". Ambiance moins studieuse car il n'y avait pas de toiles à restaurer... Mais nous eûmes des débats passionnants sur le choix des toiles - car il y avait richesse et abondance - puis sur l'accrochage car il fallait marier des approches picturales très divergentes. Il convenait en outre d'incorporer quelques sculptures et sanguines de René Collamarini, sculpteur pour lequel André Planson avait une grande amitié (et beaucoup de souvenirs partagés).

Il faut dire ici, concernant l'accrochage, qu'André Planson avait préparé avec une extrême minutie son propre plan d'accrochage à partir d'un choix de toiles illustrant sa grande affection pour la Ferté sous Jouarre. Il apporta cependant quelques retouches à son plan initial, très certainement avec l'idée de mieux mettre en lumière ses harmonies de palette.


Nous mîmes donc à profit le temps disponible pour peindre, souvent avec André Planson, fin connaisseur des ressources locales en paysages attachants. On retrouvera ainsi dans l'oeuvre d'André Planson quelques aquarelles et toiles du printemps 1979, notamment des vues de Croutes sur Marne, du Moulin de Coton (où Jacques Poinsier brossa une superbe peupleraie et une vue ombragée du Morin) et, plus simplement, de la Marne à la Ferté sous Jouarre car nous passâmes quelques après midi à peindre depuis la terrasse d'André Planson.

Beaucoup d'anecdotes plus intimes pourraient être rappelées ici car Jacques POINSIER était un merveilleux compagnon de peinture...

Je publie au début de ce billet, à sa mémoire, une rapide pochade faite à Changis sur Marne alors que j'étais occupé à peindre les bateaux ancrés près du pont. Ce tableau d'amitié permet de retrouver sa touche rapide et poétique, et sa vérité des couleurs. Il a eu la grande délicatesse d'y porter une dédicace rappelant ces bons moments de "paysagistes aux champs".
Jacques POINSIER vint une dernière fois à la maison durant l'été 1980, pour quelques jours de détente, toujours avec son immense enthousiasme de peintre.
Je le revis ensuite, souvent durant les années 80, dans son atelier de Beaubourg. Il fit devant moi des miracles de restauration et me raconta souvent ses recherches car l'homme ne se limitait pas à son travail purement technique. Il y ajoutait la connaissance fine des oeuvres et des peintres et n'hésitait pas à se lancer dans de longues investigations avant d'engager ses tâches de restaurateur.
Avec la disparition de Jacques POINSIER la Peinture perd un grand Monsieur... et je suis sûr qu'il repose maintenant en compagnie des grands maîtres qu'il respectait, connaissait et aimait tant!



lundi 23 novembre 2009

La Marne aux Petits Prés

La Marne aux Petits Prés
Huile sur toile - Format: 65 X 54 - Signé Peqa 09 en bas à droite





En début d'été la Marne prend des airs de fête en arrivant à la Ferté sous Jouarre. Elle enlace l'île Cartier et offre, sur sa rive droite, un lieu de promenades tranquilles pour rendre une visite de courtoisie aux canards et aux cygnes, puis, un peu plus loin vers l'amont, aux bateaux escalés là pour la nuit. De bonne heure en matinée le soleil anime le dessous des saules et leur donne des couleurs de jeunes pousses tendres.